"Le vent aussi dispersait certaines graines. En même temps que l'eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre."
Jean Giono, L'homme qui plantait des arbres, 1953.
Ce matin, lors d'une promenade dans un espace urbain arboré, j'ai surpris un écureuil un gland à la bouche. Apeuré, il a immédiatement pris ses appuis pour grimper sur le chêne à sa portée. Mais avant de grimper, il a échangé un regard. Je me suis aussitôt excusé pour le dérangement et l’écureuil m'a alors apostrophé dans son langage en reprenant son ascension.
L’écureuil utilise un langage assez élaboré ; un langage de signes, avec des mimiques, des attitudes et des mouvements de queue. Il possède également un langage sonore très étendu. Il glousse, caquette, glapit, grogne ou râle et des glapissements saccadés indiquent clairement la présence d’un prédateur terrestre. Au temps pour moi !
S'il m'arrive encore de disperser des glands, noix et autres bogues à ma disposition en me promenant, je me réjouis à l'idée que ce simple geste puisse permettre à des arbres de prendre racines. Favoriser le développement forestier pour que des espèces puissent continuer à vivre en symbiose sans ressentir la nécessité de communiquer avec l’espèce humaine.
"Si le réchauffement mondial est le résultat de la maîtrise du feu, ou de toute autre propriété de l’espèce humaine acquise lors d’une phase lointaine de son évolution, comment même imaginer un démantèlement de l’économie fossile ? (...) 'l’Anthropocène' est peut-être un concept et un récit utile pour les ours polaires, les amphibiens et les oiseaux qui veulent savoir quelle espèce dévaste à ce point leurs habitats, mais il leur manque hélas la capacité d’analyser les actions humaines et d’y résister. Au sein du règne humain en revanche, la pensée du changement climatique fondée sur l’espèce conduit à la mystification et à la paralysie politique. Elle ne peut pas servir de base à la contestation des intérêts particuliers du business-as-usual indissociable de l’économie fossile. La lutte pour éviter une succession de chaos et commencer à œuvrer à la stabilisation du climat nécessiterait sans doute un équipement analytique d’un autre type."
Andreas Malm, L'anthropocène contre l'histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital.
Racines est un lieu de ressources multiples destiné à favoriser l'échange et le partage de connaissances. Des brochures aux revues, des livres aux greffes d'arbres, si vous passez par là, n'hésitez pas à vous servir !
Au plaisir de vous y croiser...
n.
Pistes de lecture :
- Jason W. Moore, Le capitalisme dans la toile de la vie. Écologie et accumulation du capital, L'Asymétrie, 2020.
- Andreas Malm, Comment saboter un pipeline, La Fabrique, 2020.
- Murray Bookchin, Pouvoir de détruire, pouvoir de créer. Vers une écologie sociale et libertaire, L'Échapée, 2019.
- Earth First!, Manuel d’action directe, Édition Libre, 2019.
- Floréal M. Romero, Agir ici et maintenant. Penser l'écologie sociale de Murray Bookchin, Édition du commun, 2019.
- Andreas Malm, L'anthropocène contre l'histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital, La Fabrique, 2017.
Comments