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racines

Les jeux de la chimie et du hasard

Updated: Jun 1, 2021



"Un vol de macareux frôla l’eau en défilant devant l’étrave, composant un ballet léger et parfaitement orchestré. Mon bateau fièrement paré de rouille, glorieux vétéran des pêches de l’Atlantique Nord, était un amoureux des mers froides. Il se cabrait et plongeait dans la houle. Je croyais l’entendre rire des hommes qui perdaient courage à l’approche du combat. Une lumière rougeâtre enflamma l’horizon et le soleil répandit petit à petit ses rayons sur le détroit de Béring. Une fine brume de lumière dorée frémit sur la dunette couverte de rosée de Sea Sheperd II et miroita sur les plats-bords barbouillés de graisse. Les plats-bords avaient été graissés intentionnellement pour parer à une éventuelle tentative d’abordage par des forces hostiles. Pour renforcer cette mesure de protection, une barricade haute de trois mètres, édifiée de fil de fer barbelé, entourait les extrémités du pont. Ce fil de fer barbelé donnait au bateau un aspect froid et sinistre, comme un avant-goût lugubre de prison".


Capitaine Paul Watson, Ocean Warrior. La genèse de Sea Shepperd, 1994



Lundi 31 mai 2021,


Aujourd’hui, je vais faire preuve d’ethnocentrisme. Je vais me pencher sur l’une des perceptions occidentales de l’origine de la vie : une histoire de chimie et de hasard.

Sans oublier les multiples cosmogonies et mythologies humaines décrivant la naissance de l'univers et les origines de toute chose, je pense que cette perception particulière est à même de servir mon propos.


Il y a plus de 4 milliards d’années, la proto-Terre, issue de la naissance du Soleil, est percutée par un objet très massif. Il en résulte la formation d’une nouvelle atmosphère (expulsion des éléments légers) et la naissance de la Lune.

La Terre se refroidit progressivement et la vapeur d’eau se condense. Une pluie diluvienne donne naissance à un immense océan. Grâce à la tectonique des plaques et à une puissante énergie volcanique, un effet de serre se met en place et l’eau ne se transforme pas en glace.

L’Océan contient de nombreuses molécules organiques (potentiellement issues des astéroïdes ayant percuté la planète) et la force des marées primitives est immense (la Lune s’écartant progressivement de la Terre jusqu'à atteindre son orbite actuelle). Les mouvements aquatiques sont intenses.

De ce brassage va naitre la vie.


Depuis lors, les processus chimiques, physiques et biologiques des fonds marins sont à l’origine de la vie sur terre.

Régulateur thermique, l’Océan (compris comme un ensemble d’océans spécifiques) interagit de façon dynamique avec l’atmosphère pour assurer l’équilibre du climat. Il fournit une réserve de ressources multiples et agit également comme un puits de carbone, absorbant plus de 25 % des émissions anthropiques de CO2.

En majeure partie inexploré, mais néanmoins surexploité et pollué par les plastiques, l’Océan est devenu la nouvelle frontière de l’écologie.

La biosphère marine est un ensemble de communautés juxtaposées, dont on ignore encore le fonctionnement et la nature des interactions (la chimiosynthèse propre aux écosystèmes des fonds marins nous est par exemple totalement inconnue). Mais n’est-il pas plus raisonnable de laisser ces espaces vierges de toutes investigations et d’imaginer la fin progressive des interactions négatives avec le milieu aquatique ?

Si le hasard a bien fait les choses jusqu’à un certain point, pourquoi donc s’en mêler encore une foi. La piste de "l'art de la déstauration" proposé dans le premier chapitre (Les communs négatifs de l'anthropocène) de l'ouvrage Hériatge et fermeture mérite d'être suivie pour éviter de se heurter à des écueils trop visibles...


"Dans le monde animal nous avons vu que la grande majorité des espèces vivent en société et qu'elles trouvent dans l'association leurs meilleures armes dans la lutte pour la survie : bien entendu et dans un sens largement darwinien, il ne s'agit pas simplement d'une lutte pour s'assurer des moyens de subsistance, mais d'une lutte contre les conditions naturelles défavorables aux espèces. Les espèces animales au sein desquelles la lutte individuelle a été réduite au minimum et où la pratique de l'aide mutuelle a atteint son plus grand développement sont invariablement plus nombreuses, plus prospères et les plus ouvertes au progrès. La protection mutuelle obtenue dans ce cas, la possibilité d'atteindre un âge d'or et d'accumuler de l'expérience, le plus haut développement intellectuel et l'évolution positive des habitudes sociales, assurent le maintien des espèces, leur extension et leur évolution future. Les espèces asociales, au contraire, sont condamnées à s'éteindre".

Pierre Kropotkine, L’entraide. Un facteur de l’évolution, 1902.


Toutefois, à l'image des pirates de l'association Sea Shepperd, il est possible de s'engager dans une lutte contre le système d’exploitation des univers marins et de contribuer à la préservation de l'Océan.


Pour finir, une petite dédicace à la baleine bleue de Steve Waring : « O – O – O / O – H2O », et une invitation à nous rejoindre samedi prochain, premier samedi du mois, pour l’atelier chants de la librairie à partir de 14h.


À bientôt,


Pistes de lectures :


  • Capitaine Paul Watson, Seal Wars. 25 ans sur la ligne de front, Black-star (s)éditions, 2020.

  • Collectif, Frères de la côte. En défense des pirates somaliens, traqués par toutes les puissances du monde, L’insomniaque, 2013.

  • Emmanuel Bonnet, Diego Landivar, Alexandre Monnin, Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement, Éditons Divergences, 2021.

  • Herman Melville, Moby Dick, 1851.

  • Anne Dominique Kapferer, Fracas et murmures. Le bruit de l’eau au Moyen Âge, L’œil d’or, 2019.

  • Pierre Kropotkine, L’entraide. Un facteur de l’évolution, Éditions Nada, (1902) 2016.

  • Antonin Richard, Ce matin la mer est calme. Journal d’un marin sauveteur en mer Méditerranée, Éditions Les Étaques, 2020.

  • Joseph Conrad, Typhon, 1903.

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